Faire face à l’Histoire, traiter un sujet fragile mais incontournable. N’est-ce pas la héroïne théâtrale du type Hedda Gabler qui s’incarne devant nos yeux : coincée dans le passé, « possédée par un démon », elle se mêle avec et anticipe son destin jadis maudit. Le film en se développant prend des formes/plans de plus en plus longs voire vertigineux. Du plan panoramique suivant le pas de Maria le jour de l’anniversaire de sa mère jusqu’à la fin (presque) où elle parcourt sa maison en rond, accompagné du son de radio qui témoigne la victoire de l’Allemagne de l’Ouest dans la coupe de monde. On sent le film qui s’anime, qui produit une fluidité mécanique à travers le récit, mais le récit nous dit que la blessure restera blessure et que le traumatisme hante - au commencement était une explosion, au jugement une explosion aussi. Tantôt le film mécanique commence, la héroïne nous laisse. Le visage des personnages sont cachés soit derrière les textes du générique, soit derrière un décor maniéré. l’histoire finissant, il nous reste l’Histoire en négatif, à développer ou découvrir (dé-couvrir). Le maniérisme de Fassbinder produit cette fois un contraste avec le développement dramatique de son sujet, mais cela reste autant sinon plus signifiant pour le film.