Le "plan-séquence" du meurtre de Barbara :

Le travelling d'accompagnement puis de sortie du bâtiment est très bien fait avec une fluidité apparente sans cacher certaines parties du décor comme le sol ou les murs – certainement ce n’est pas filmé sur un rail. Mais peut-être une Dolly Elemack avec un grue ?

Nous voyons bien à la sortie du bâtiment qu’un figurant passe devant et couvre alors entièrement la vue, et à ce moment un montage est fait pour relier deux plans. Raison technique : l’intérieur est filmé en studio et l’extérieur est un décor réel. Raison esthétique peut-être ? : La même technique se retrouve dans Rope (1948) pour donner l’illusion d’un plan-séquence unique à l’ensemble du film.

Le travelling arrière continue. Il est visible à ce moment que la perspective du plan change – l’escalier du bâtiment / l’ensemble de l’intérieur semble s’écraser. Il y a sans doute un léger zoom avant qui change la focale. Ce n’est pas un travelling simple, mais un travelling compensé, inventé pendant le tournage de Vertigo (1958).

Il existe donc deux procédés filmiques hitchcockiens remployés dans cette petite séquence. Hitchcock fait déjà une sorte de rétrospective sur lui-même vers la fin de sa carrière. Cela ajoute au lieu de tournage choisi : marchés sur le point de disparition, les « petits personnages vrais », le petit-déjeuner anglais – un « document organique sur Londres issue de la Tamise » (Biette). Frenzy a un ancrage solide dans un monde historique vécu par Hitchcock ainsi que dans une filmographie de Hitchcock sur le point de conclusion.